• Dormir dans une maison hantée

    Dormir dans une maison hantée

    «Cette nuit, il n’y aura que les fantômes et vous deux, parce que vous serez complètement seuls dans la vieille partie du fort», nous lance Will Baird, un des responsables du fort Henry, à Kingston, un bâtiment militaire de presque deux cents ans qui a la réputation d’être l’un des lieux les plus hantés du Canada. «Il y aura un gardien de sécurité, mais sa guérite se trouve hors des murailles.»

     

    Nous dormirons donc seuls dans ces vieilles pierres. Est-ce que tous les fantômes des lieux se mettront sur notre cas en même temps? Ils n’auront personne d’autre à effrayer. La nuit risque d’être longue…

    «Est-ce que les gens se sauvent parfois parce qu’ils ont trop peur?» demande ma copine. «Ça arrive souvent», répond Will. Il nous montre notre chambre: une vieille casemate aux murs de pierres cachet début 19e siècle… pas rassurante du tout. Le lit est propre. Ça sent bon. Cet «hôtel hanté» aménagé à même le fort Henry est géré par l’État de l’Ontario. Nous ne sommes ni les premiers, ni les derniers voyageurs que la perspective de passer la nuit avec des fantômes attire ici.

    Des phénomènes inexpliqués…

     

    «Parfois, dans le fort, des appareils radios fonctionnent même quand ils sont débranchés, raconte Will. Les lumières clignotent et s’éteignent sans raison. Certains entendent des pas. C’est l’une des choses les plus effrayantes. Quand les gens entendent des bruits de pas et qu’il n’y a personne… C’est souvent là qu’ils flanchent… Ils vont dormir dans la guérite avec le gardien de nuit.»

    Est-ce que Will a vécu une expérience de ce genre? «Un jour, j’ai vu un médium demander à un esprit de fermer une porte. La porte s’est effectivement fermée… Ensuite, on a entendu un bruit de course. C’était de petits pas d’enfant.» Le fantôme d’une fillette morte de tuberculose est en effet l’un des plus hyperactifs du fort; du moins, c’est ce que l’on raconte.

    Le rebelle et l’amoureuse éplorée

     

    Je pourrais vous parler de l’histoire du fort Henry, construit à l’origine, en 1812, afin de dissuader les Américains d’envahir le Canada. Je pourrais vous parler de la grande importance symbolique de ce lieu dans la culture militaire canadienne… Mais avouez-le: vous préférez que je vous parle des fantômes. Alors voilà: il y a celui de la petite tuberculeuse joueuse de tour. Il y a aussi celui d’un révolutionnaire, Nils Von Shultz, qui a été pendu ici. Malgré le temps qui s’est écoulé, il demeure toujours aussi furieux contre ses bourreaux… Vous n’avez pas envie de croiser cet «homme» dans un des couloirs du fort Henry. «Les visiteurs qui rencontrent Nils Shultz ne trouve jamais ça agréable», confirme Will. Enfin, il y a un fantôme plus émouvant que les autres: celui d’une jeune femme morte de chagrin après la noyade de son fiancé dans le lac Ontario, en 1846… «Elle s’appelle Élizabeth», dit Will. – Eh bien, si on croise un spectre de jeune femme qui pleure, on pourra l’appeler par son prénom...

    L’homme rassurant (c’est moi, ça)

     

    Pendant octobre, le fort Henry organise des activités ayant trait à l’Halloween et, dans une pièce décorée, il y a un cercueil. La nuit venue, je me rends compte que le rideau de la chambre se ferme mal. J’ai toujours l’impression qu’on nous observe. Je sais qu’il n’y a personne dehors, mais…

    La copine se dandine en faisant une grimace et en me regardant d’un air suppliant: «Laisse-moi deviner. Tu as envie d’aller aux toilettes et tu as trop peur pour y aller seule, mais tu crains que je me moque de toi si tu me demandes de t’accompagner?»

    Il faut traverser la cour pleine de brouillard pour parvenir aux salles d’eau… Quand on lui a offert de dormir dans une maison hantée, votre représentant a eu peur d’avoir peur, alors, pour se prémunir contre les frissons, il a invité sa copine, plus émotive que lui, afin de se donner le beau rôle de l’«homme rassurant»…

    Vous savez quoi? Ça a marché! J’ai été trop occupé à rassurer madame pour avoir le temps d’avoir peur moi-même.

    Jouer au Ouija avec son Iphone

     

    Vers 23 heures, nous n’avons pas assez peur à notre goût. Nous écoutons donc un épisode de la série Chasseurs de fantômes (Ghost Hunters) consacré au fort Henry. (Il s’agit de l’épisode 17 de la saison 5 que nous avons trouvée intégralement sur You Tube.) Les «chercheurs» dénichent des esprits partout. Mais pas nous…

    En désespoir de cause, nous décidons de jouer au Ouija. À défaut d’une plaquette, nous téléchargeons une application Ouija pour iPhone… «Esprit, es-tu là?» Enfin, nous en tenons un! Mais il nous fausse rapidement compagnie. Puis, plus rien. Voyons donc! Moi qui croyais qu’aprè la mort, tout le monde devenait bilingue... Finalement, nous avons dormi comme des bébé.

    Faites-le donc aussi!

     

    Si vous êtes courageux, vous pouvez dormir dans le fort Henry tout seul comme un grand…Sinon, vous pouvez venir en couple. Vous verrez: la peur, ça a du bon. Ça rapproche. On se serre pour se rassurer.

    Si vos enfants sont vaillants, pourquoi ne pas venir en famille, voire à plusieurs familles? Certaines chambres peuvent accueillir jusqu’à 14 personnes grâce à d’authentiques lits pliables de fer forgé du milieu du 19e siècle. Vous devez donc apporter vos sacs de couchage.

    Vous avez accès à votre chambre dès 17 h et vous devez l’avoir quittée pour 11 heures. Ça coûte 50 $ par personne pour les chambres de 6 personnes et moins et 40 $ par personne pour la chambre pouvant accueillir 14 dormeurs.

    Au moins une personne dans le groupe doit avoir plus de 25 ans.

    Le restaurant du fort sert de bons repas trois services pour des prix tout à fait raisonnables. Je vous recommande le saumon.

    Le stationnement est gratuit. Calculez environ trois heures et demie pour le trajet Kingston-Montréal. Info: forthenry.com | Réservations: 1-800-437-2233. | Bon voyage!

     

    Trucs et conseils

     

      • Assurez-vous de savoir où vous irez vous réfugier si les fantômes s’acharnent sur vous et vous forcent à dormir ailleurs.


      • Apportez-vous des films de peur, si vous craignez de ne pas être impressionné, ou prévoyez une plaquette Ouija si cela vous tente piquer un brin de jasette avec les esprits… à vos risques et périls, cela dit.


      • Puisque vous aurez probablement trop peur pour aller aux toilettes par vous-même pendant la nuit, essayez de synchroniser vos envies de pipi avec celles de vos compagnons…


      • Jusqu’au 29 octobre, le fort Henry organise pour l’Halloween une activité appelée «Le fort de la peur» de 18 h à 22 h du mercredi au samedi. C’est une maison hantée avec des acteurs déguisés lugubrement qui vous font sursauter ou vous pourchassent dans les couloirs souterrains… Eh oui, il s’agit d’une maison hantée ayant pour décor un authentique fort hanté. Les adultes trouveront cela un peu quétaine (le maquillage, la musique de peur, les automates macabres bas de gamme…), mais les ados de 12 à 15 ans adoreront ça! Quant aux jeunes enfants… ouille! Ça les terroriserait. Oh! N’allez pas payer 5 $ pour faire le truc appelé «coffin ride» – un simulateur d’enterrement. Ça n’en vaut vraiment pas la peine… Info: fortfright.com


    • Tant qu’à venir ici, vous pouvez vous arrêter au Upper Canada Village, situé à Morrisburg, à peu près à mi-chemin de Montréal et de Kingston. Vous y verrez des gens utiliser de véritables instruments du 19e siècle pour accomplir des tâches à la manière de nos aïeux du début de la révolution industrielle: filer la laine, moudre le grain, tisser des courtepointes, etc. C’est très impressionnant. Faites attention à la cafétéria: trois hot-dogs steamés, deux casseaux de frites sèches et tièdes et deux fades boissons gazeuses m’ont valu une ardoise d’un peu plus de… 23 $! Pire qu’au cinéma.

     

     

    La morale de cet article

     

    Vous n’avez pas besoin de croire aux fantômes pour aimer dormir dans une maison hantée. C’est sûr que vous aurez une expérience plus mémorable en choisissant de passer la nuit ici plutôt que dans un banal «hôtel-normal-avec-pas-de-fantômes-dedans». Idéalement, vous aurez un peu peur, mais pas trop. Si vous avez peur des fantômes même quand vous dormez chez vous, tenez-vous loin d’ici… À ceux parmi vous qui oseront dormir dans le fort Henry, je vous souhaite d’avance une nuit effroyable! Amusez-vous bien.

     

    source:http://fr.canoe.ca/artdevivre/styledevie/article1/2011/10/21/18858686-jdm.html


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